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Perfectionniste: Quels coûts pour quels bénéfices?

Katrin Piazza
Ecrit par Katrin Piazza

Tu as fait de l’excellence et de la perfection ton credo, mais – revers de la médaille – tu es éternellement insatisfait-e ? Alors tôt ou tard, tes batteries vont se retrouver à plat.

 

Si tu as une tendance au perfectionnisme et que cela a des répercussions sur tes études et ta faculté à apprendre, alors tu gagnerais à apprendre à lâcher un peu de lest.

N’es-tu jamais satisfait-e de ce que tu as accompli au terme d’une journée ? T’astreins-tu souvent à en faire plus le lendemain ? Te laisses-tu perturber par des broutilles ? Perds-tu ton sang-froid à la moindre contrariété ? T’imagines-tu souvent que tu vas au-devant d’une catastrophe ?  

Si personne ne te critique plus durement que toi-même et que tu imposes le même niveau d’exigence aux autres, il se peut bien que tu souffres de perfectionnisme aigu.  Mais rassure-toi : tu n’es pas seul-e !

 

Le perfectionnisme : le mal de notre société ?

Le perfectionnisme est un problème qui ronge notre société, constate Thomas Curran, professeur assistant en psychologie et sciences comportementales à la London School of Economics and Political Science et auteur du livre The Perfection Trap (le piège de la perfection), publié en juin 2023.

Pour illustrer l’ampleur du problème, il évoque les entretiens d’embauche :

Quand on nous demande notre plus grand défaut, nous répondons souvent la bouche en cœur :

« Je suis perfectionniste. »  

Le perfectionnisme serait-il une qualité ? Thomas Curran répond par la négative.

Selon lui, il n’y a pas de place pour l’ambiguïté :

 

Il est clair que le perfectionnisme fait plus de mal que de bien 

assène le psychologue, qui voit dans ce trait de caractère un véritable piège.

 

Ce n’est toutefois pas la faute des individus. Dans notre monde, le perfectionnisme est partout. Nous nous trouvons emporté-e-s dans ce tourbillon infernal et sommes soumis aux diktats du toujours plus: Toujours plus musclé-e, toujours plus belle ou plus beau, toujours plus performant-e…

 

Tout doit être parfait : famille, logement, emploi, études, vacances… Même la nourriture ! Mais est-ce vraiment dans l’ordre des choses ? 

 

Le perfectionnisme : bien plus que des objectifs ambitieux

Soyons clair-e-s : il ne s’agit pas de délaisser ses standards élevés ou ses attentes envers soi-même. Il n’y a pas de mal à se fixer des objectifs ambitieux.

Ainsi, faire des études est sans aucun doute le signe qu’on vise l’excellence, et il n’y a rien de mal à cela.

Quand Thomas Curran parle de perfectionnisme, il fait plutôt référence aux attentes trop élevées, aux critiques trop dures (notamment envers soi-même) ou encore au besoin trop prononcé de vivre dans un monde qui tournerait exactement comme on le souhaite.

Il s’agit donc d’un niveau d’exigence démesuré qui, chaque jour, nous force à puiser au plus profond de nous-mêmes et nous vole toute notre énergie et toutes nos forces – et malgré lequel nous restons habité-e-s par le sentiment de ne pas en avoir fait assez.

 

Le syndrome de l’imposteur : pendant du perfectionnisme

Le syndrome de l'imposteur UniDistance Suisse article sur le perfectionnisme

 

Allant de pair avec le perfectionnisme, le syndrome de l’imposteur consiste à ne pas se sentir à sa place là où l’on se trouve.

Surviennent alors des pensées comme: 

 Un jour ou l’autre, ils découvriront que je ne suis pas à la hauteur 

ou encore

Que va-t-il se passer s’ils remarquent que je ne mérite pas de suivre ce cursus ? 

Ces pensées reflètent la peur de l’échec qui tenaille la plupart des perfectionnistes, tant au sein du corps étudiant que du corps enseignant.

Thomas Curran considère que ce problème aussi trouve sa racine dans le perfectionnisme, qui pousse à courir après un idéal inaccessible.

 

Ne jamais faire d’erreur : un idéal inaccessible

On confond souvent le fait d’avoir des standards élevés avec le besoin d’être infaillible

explique Thomas Curran.

« Dans le premier cas, il s’agit simplement de rigueur, de sens du devoir ou d’une saine ambition, alors que le deuxième témoigne d’une image idéalisée de soi-même et du monde. »

Les perfectionnistes veulent contrôler leur propre comportement ainsi que celui de leur entourage et s’ils n'y arrivent pas – une fois de plus –, ils perdent leurs moyens.

« Le perfectionnisme, affirme Thomas Curran, nous pousse à nous juger sous le prisme de nos lacunes plutôt que de nos accomplissements : nos propres standards nous révèlent chaque jour que nous ne sommes pas parfait-e-s, que nous sommes faillibles.

Et c’est ce que nous voulons dissimuler à tout prix. Personne ne doit savoir que je fais des erreurs, se martèle-t-on. »

Toutefois, nul-le n’est parfait-e et les erreurs font partie du quotidien, ce qui cause souvent une grande souffrance.

« Toutes les dimensions du perfectionnisme ont vocation à remédier au caractère imparfait de l’individu. »

Nous nous efforçons constamment d’être plus performant-e-s, plus rapides, plus belles ou beaux ou tout simplement parfait-e-s.

Mais la perfection n’étant pas de ce monde, les perfectionnistes sont condamné-e-s à en faire toujours plus sans jamais parvenir à leurs fins. Un vrai supplice de Tantale !

D’autant plus que Thomas Curran et son équipe de recherche n’ont établi aucune corrélation entre perfectionnisme et excellence.

 

Bien au contraire : un perfectionnisme excessif entraînerait de mauvaises performances.

 

Le paradoxe de la perfection

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Le désir d’atteindre les objectifs les plus ambitieux enferme l’individu dans un véritable cercle vicieux, que Thomas Curran décrit comme suit :

« J’ai besoin de validation, mais je ne l’obtiendrai que si j’atteins la perfection ; je dois donc me fixer des objectifs ambitieux et briller. Toutefois, je ne les atteins pas, et je dois donc redoubler d’ardeur ; cela fait augmenter mon anxiété et mon stress. »

Dans des situations difficiles ou stressantes, les perfectionnistes ont plus tendance à se dévaloriser que les personnes qui, bien qu’ambitieuses, savent faire la part des choses.

Aux yeux des perfectionnistes, un problème prend rapidement une ampleur disproportionnée : « Si je rate ce devoir, je peux dire adieu à mes études. »

Un événement isolé est considéré comme une généralité. « Je n’ai eu qu’un 5 à mon test ? Je suis vraiment nul-le. »

Et l’étudiant-e de porter un regard angoissé sur le monde. « Ce faisant, on dramatise et prolonge les situations stressantes », explique Thomas Curran, avant d’évoquer la loi des rendements décroissants.

 

Au début, les perfectionnistes récoltent les fruits de leur labeur, mais leurs résultats finissent par s’étioler en dépit de l’énergie et du temps investis. C’est ce que l’on appelle le paradoxe de la perfection. 

 

Lire aussi: 5 étapes pour concilier études et agenda bien rempli

 

Lutter contre le perfectionnisme : un processus difficile, mais pas impossible

« Il convient tout d’abord d’admettre que l’on a un problème avec le perfectionnisme », assure M. Curran.

  • Commences-tu toujours à étudier au dernier moment ?

  • Repousses-tu autant que possible les travaux importants ?

  • As-tu l’impression d’être coincé-e dans une roue de hamster ?

  • N’es-tu pas – ou plus – capable de te féliciter et de célébrer tes accomplissements ?

Petit rappel : se libérer de son perfectionnisme ne signifie pas se reposer sur ses lauriers ou devenir partisan du moindre effort.

Tu as le droit d’avoir des standards élevés et d’être exigeant-e envers toi-même. Prends garde, toutefois, à la goutte de zèle et d’ambition qui fera déborder le vase et générera trop de pression.

Thomas Curran présente différents moyens permettant de se défaire du perfectionnisme.

Il n’existe toutefois pas de formule magique qui réglerait le problème du jour au lendemain.

Comme pour tous les changements comportementaux, il faut procéder pas à pas, sur un long laps de temps. Si la détresse ou la baisse des performances sont importantes, il peut être utile de suivre une thérapie.

Voici plusieurs méthodes présentées dans l’ouvrage de Thomas Curran que l’on peut facilement appliquer aux études ou à un contexte d’apprentissage:

 

Article blog perfectionnisme UniDistance Suisse

 

 

1. Réfléchir et prendre soin de soi

Fais ce petit exercice régulièrement :

Prends quelques minutes pour réfléchir à ta personnalité et à tes valeurs.

  • Qu’est-ce qui est important pour toi ?

  • Dans quel contexte te trouves-tu (excessivement) sous pression ?

  • Comment pourrais-tu te détendre davantage ?

  • Comment prends-tu la critique ?

  • Te montres-tu très critique envers les autres ? Si oui, pour quelle raison ?


Savoir prendre soin de soi, cela veut dire faire le nécessaire pour rester en bonne santé, sur le plan tant physique que mental.

  • Que fais-tu activement pour ton bien-être ?
  • T’accordes-tu des pauses ou des instants de détente, ou penses-tu devoir les mériter par un dur labeur ?

C’est en répondant à ces questions et en opérant progressivement un changement de paradigme que tu pourras enfin te montrer satisfait-e et te détendre sans plus douter de toi-même.

 

2. Prendre conscience de son perfectionnisme et de ses pensées (irréalistes)

Sans que nous ne nous en rendions compte, nombre de nos pensées nous mettent sous pression, par exemple les phrases commençant par « Il faut… » ou « Je ne dois pas… ».  Mais ces pensées résistent-elles à un examen critique ?

  • As-tu nécessairement besoin de connaître le manuel par cœur avant de pouvoir faire une pause ?

  • Dois-tu réellement donner toujours le meilleur de toi-même dans toutes les disciplines ?

  • Tes exigences envers toi-même et le reste du monde sont-elles réalistes ?

  • Et que gagnes-tu à penser ainsi ? 

Apprends à identifier les pensées qui sont le fruit de ton perfectionnisme.

Demande-toi à chaque fois si elles reflètent vraiment la réalité, si elles sont utiles et si tu pourrais envisager les choses autrement. Tu seras peut-être surpris-e de constater l’éventail d’options que tu as à disposition avant d’en arriver à l'autre extrême, ne faire que te reposer sur tes lauriers.

 

3. Lâcher prise ou adapter ses objectifs

Si tu as la pénible impression de ne plus rien réussir, tu devrais peut-être revoir tes objectifs à la baisse et lâcher (un peu) prise.

Notons que les étudiants et étudiantes qui réussissent sont ceux qui se fixent des objectifs pragmatiques plutôt qu’irréalistes.

Ton mémoire doit-il être en tous points parfait, ou est-ce qu’un simple « Bien » peut te suffire ? Dois-tu toujours t’illustrer dans tous les aspects de ta vie, ou peux-tu mettre certaines choses de côté pendant quelque temps pour te concentrer sur l’essentiel ?

Avant de te fixer des objectifs, évalue tes propres ressources : personne ne peut donner le maximum en permanence sans que le burn-out soit au bout du chemin.

Utilise tes forces avec discernement et n’aie pas honte d’accepter de l’aide ou de déléguer certaines tâches. Ne cherche pas toujours à trop en faire.

 

4. Prendre du temps pour les loisirs ou la détente

Dans le cadre des études à distance, on doit gérer simultanément plusieurs priorités.

Il est donc capital de s’accorder des moments de pause, car ils permettent de prendre du recul par rapport au quotidien et de redécouvrir la personne que l’on est quand on n’est pas à la merci du stress.

Exit alors les listes de tâches, les dates limites et les injonctions internes.

Place au repos !

Rire, jouer, rêvasser, traîner…

Le but est de s’aérer l’esprit et de faire le plein d’énergie afin de retourner à ses études avec plaisir et la tête reposée.

 

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En résumé: 

  • Le perfectionnisme est un phénomène qui prend de l’ampleur dans la société contemporaine.
  • Avoir des standards élevés n’implique pas forcément d’être perfectionniste.
  • Il n’y a pas de corrélation positive entre perfectionnisme et excellence.
  • Le perfectionnisme demande un investissement personnel colossal.
  • Il n’est pas facile de se libérer du perfectionnisme, mais ce n’est pas impossible.

 

 

 

 

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