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Pourquoi surestimer tes compétences mène à l’échec et comment y remédier?

Rédigé par Katrin Piazza | 08.07.21 08:10

Tu as eu de mauvais résultats alors que tu avais un bon feeling à l’examen ? Comment est-ce possible ?

Est-ce que tes connaissances étaient insuffisantes ? Mais comment le savoir ?

Découvre comment ne pas retomber dans le piège avec ces trois conseils.

J’avais un très bon feeling à l’examen, mais j’ai eu une mauvaise note. Comment est-ce possible ? 

Les résultats d’examens donnent parfois lieu à des réactions de choc et d’incrédulité.

Ton indignation est particulièrement grande si tu avais un bon feeling au moment de la préparation de l’examen et pendant ce dernier (« Je sais le faire », « Tout va bien »).

Un bon feeling ne peut déboucher que sur une bonne note, n’est-ce pas ? Malheureusement non.

Si tu as l’impression d’avoir bien réussi, il y a deux résultats possibles :

a) Tu as bien réussi.
b) Tu as complètement raté

C’est à cette conclusion que sont parvenus David Dunning et Justin Kruger suite à leurs recherches menées dans les années 1990 à la Cornell University.

« Les personnes qui vont réaliser de mauvaises performances ou qui sont incompétentes le savent-elles ? »

Cette question figure au début de l’étude des deux psychologues sociaux et leur réponse est sans appel:

« Non, elles ne le savent pas. »

Leurs conclusions sur la perception de sa propre incompétence sont devenues cultes, à tel point que l’on parle de l’effet Dunning-Kruger depuis 1999.

Les chercheurs ont fait de nombreuses expériences sur différents groupes d’étudiant-e-s, afin de découvrir si une personne pouvait mesurer son propre niveau d’incompétence et comment.

Les étudiant-e-s ont notamment dû passer trois tests et répondre à des questions touchant à la grammaire, à l’argumentation logique et à l’humour.

Dunning et Kruger ont choisi le thème de l’humour car – en s’appuyant sur leur expérience du quotidien – ils sont partis du principe que la plupart des gens surestiment leur capacité à prédire ce qui est drôle pour les autres.

En effet, il n’est pas rare de voir quelqu’un faire une plaisanterie sans que personne ne rie. Ainsi, nombre de gens évaluent mal ce que leur public trouvera amusant ou non.

À la fin de chaque série de tests, les participant-e-s devaient répondre à la question : « Comment penses-tu avoir réussi par rapport aux autres ? »


L’inaptitude est une source de surestimation

Au quotidien, l’incompétence d’autrui te dérange. Par exemple, les automobilistes qui enfreignent en toute insouciance le code de la route t'énerve sûrement. 

De même, tu te fâche face à des faiseurs et faiseuses d’opinions qui restent obstinément campé-e-s sur leurs positions en dépit des faits qui viennent les contredire.

Ce qui t'irrite le plus, c'est l’assurance dont font preuve ces personnes, assurance qui te paraît complètement déplacée dans ces situations.

C’est d’autant plus vrai si tu sais bien conduire ou que tu maîtrise un thème de discussion.

Dunning et Kruger ont également montré par leurs travaux que l’ignorance engendre plus de confiance en soi que la connaissance, dans certains domaines qu’ils ont étudiés (comme la conduite, les échecs ou encore la rédaction de textes complexes).

A priori, ce devrait être l’inverse, n’est-ce pas ? Moins j’en sais, plus je devrais faire preuve de prudence… Et pourtant, les personnes ignorantes sont justement stimulées par leur ignorance.

Moins on en sait, moins on arrive à estimer son niveau de connaissance.

Un quart des participant-e-s aux tests des chercheurs ont mal évalué leurs performances par rapport aux autres : ils pensaient faire partie des personnes ayant obtenu 60 à 70 % de la note maximale alors qu'ont ont en réalité seulement obtenu 11 à 13 % de cette note.

En d’autres termes, quand on en sait peu, on se surestime largement.

À l’inverse, les personnes ayant obtenu entre 80 et 90 % de la note maximale ont émis un pronostic plus prudent : elles pensaient pouvoir faire 65 à 85 % des points possibles.

Autrement dit, leurs estimations étaient assez justes, voire elles se sous-estimaient un peu.

Performance Résultat  Prognostic personnel
Les plus faibles 11-13% de la note maximale Je ferai 65-60% de la note maximale
Je pense être meilleur que les autres
Les plus forts 65-85% de la note maximale Je ferai 50-65% de la note maximale
Je pense être moins bon que les autres 


Kruger et Dunning tirent la conclusion suivante de leurs recherches :

L’incompétence mène à une confiance en soi excessive:  Ignorance makes you overconfident


Cette déclaration est devenue si connue aux États-Unis que les personnes qui brillent par leur incompétence s’entendent parfois dire : « Et tu as fait quelle école ? L’Université Dunning-Kruger ? »

Regarde cette vidéo de Ted-Ed sur l’effet Dunning-Kruger.


Mais pourquoi les personnes incompétentes n’arrivent pas à se juger correctement ?

Les deux chercheurs ont expliqué ainsi ce phénomène surprenant : pour pouvoir évaluer sa propre compétence, le cerveau utilise les mêmes structures d’information que pour répondre aux questions posées dans le test.

Prenons un exemple: si tu n’as jamais étudié les règles d’utilisation des virgules, les connexions correspondantes n’ont pas pu s’établir dans ton cerveau. Ainsi, tu ne disposes pas de l’outil qui te permettrait d’évaluer tes connaissances des règles d’utilisation des virgules.

Si tu voulais évaluer tes connaissances en matière de virgules avec prudence, tu pourrais dire : « Je ne sais pas du tout si je maîtrise bien ces règles, car je n’ai pas encore étudié cette thématique. »


Comment venir à bout de sa propre incompétence ?

L’intuition et le flair sont des outils fantastiques : ils permettent à notre cerveau d’économiser de l’énergie. Ce dernier estime rapidement le résultat d’un calcul ou en quoi consiste une tâche et propose une réponse qui semble plausible.

Mission accomplie, ressources préservées ! Réfléchir, analyser et vérifier demande tellement d’énergie à notre intellect qu’il préfère éviter cet effort.

Mais la première idée est-elle toujours la bonne ? Malheureusement non. Moins on a appris, plus on risque d’écrire ou de dire des inepties. Et le plus gênant, c’est qu’on ne s’en rend pas compte.

Il se peut qu’un bon feeling se traduise par une mauvaise note. Si cela ne se produit qu’une fois, ce n’est pas grave. Tu n’étais peut-être pas en forme ce jour-là ou c’était peut-être tout simplement de la malchance. Cela peut arriver à tout le monde d’échouer.

Mais que faire si cela se répète ? Tu dois alors repenser ton apprentissage. Il se peut que tu ne te prépares pas suffisamment.

 

Trois étapes pour éviter l’effet Dunning-Kruger


S’il t'arrive régulièrement d'avoir un bon feeling à un examen, mais que tu obtiens une mauvaise note, suis ces trois étapes d’apprentissage.

Ensuite, continue jusqu’à ce que ton bon feeling à l’examen se traduise véritablement par un bon résultat !


1. Juge tes aptitudes avec prudence


Bien entendu, tu ne dois pas te remettre en question continuellement! Il ne s’agit que des sujets que tu étudies actuellement ou qui t’ont posé assez souvent des problèmes. Mais si tu suis une formation à distance en parallèle à ton job et à ta famille, et que tu as besoin d'être efficace, il vaut mieux résoudre cette situation. 

Tente de déceler ce que tu ne sais pas bien et réagis en conséquence : étudie.

Il vaut la peine de te méfier pendant un temps des pensées comme « Ça, je sais déjà le faire », « Je connais plus ou moins ça » et « Ça ira bien ».

Reconnais ces pensées pernicieuses qui te poussent à interrompre, repousser ou éviter ta séance d’étude intensive. Ce sont justement elles qui te font prendre confiance sans que cela soit justifié.


2. Lorsque tu prépares un examen, pose-toi des questions plutôt que de te concentrer sur la compréhension de la matière


Vérifier la théorie, résumer un sujet ou classer ses notes, c’est très bien ; c’est même important quand on étudie.

Mais pour connaître avec certitude ton niveau de compétence ou d’incompétence, il n’y a pas trente-six solutions : il te faut un test.

Si tu peux répondre correctement à des questions sans aucune aide, tu peux être certain-e que tu maîtrises le sujet.


  • Réussis-tu un examen blanc dans le temps donné, et ce, sans aide ?
  • Peux-tu restituer une définition par cœur ?
  • Peux-tu dessiner de mémoire une carte mentale ou un schéma représentant les concepts clés ?
  • Peux-tu rédiger une brève dissertation sur le sujet à l’improviste ?
  • Peux-tu expliquer la matière à quelqu’un ?

    Il est vrai que ces interrogations sont souvent fastidieuses et chronophages, voire vexantes, car elles nous renvoient à notre propre incompétence.

Mais c’est justement en mobilisant tes connaissances que tu réussiras à apprendre.


3. Habitue-toi à faire les exercices d’examen deux fois.

 

La première fois rapidement en te fiant à ton instinct : écris tes réponses spontanément sur une feuille ou avec un crayon dans la marge, mais indique clairement les réponses pour lesquelles tu as un doute ou un mauvais feeling.


La deuxième fois, prends ton temps : lis bien l’énoncé, réfléchis sérieusement et de manière analytique et recherche les faits nécessaires dans ton cerveau.


Sors de l’ignorance et développe tes connaissances pas à pas

Je sais que je ne sais rien. 

Au vu de ce qui a été écrit plus haut, la célèbre citation de Socrate devient particulièrement intéressante.

Vraiment rien ? Mais s’il ne sait réellement rien, comment peut-il s’en rendre compte ? C’est déroutant.

Toutefois, ce devrait être ton credo quand tu apprends, car ce précepte te serait en fait très utile.

Tant que tu débutes ou que tu n’obtiens pas de bons résultats, tu devrais partir du principe que tu ne sais rien.

Et ce, jusqu’à ce que tu te prouves le contraire. Ainsi, pendant que tu étudies, tu peux t’interroger, te tester et contrôler tes connaissances.

Ce n’est pas un hasard s’il est prouvé que s’interroger soi-même constitue une des stratégies d’apprentissage les plus efficaces.


Conclusion

  • L’incompétence engendre un excès de confiance en soi.
  • L’intuition et le flair induisent souvent en erreur.
  • Pour pouvoir estimer tes propres résultats dans un domaine, tu dois bien t’y connaître.
  • Penser « Ça, je le sais… plus ou moins » lorsque tu étudies te mènera tout droit à l’échec.
  • Ce n’est qu’en t’interrogeant toi-même (avec intransigeance) que tu pourras te fier à ton bon feeling.