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4 brillants conseils d’expert pour préparer et évaluer vos examens en ligne

Rédigé par Anick Goumaz | 06.09.21 09:46

La pratique des examens en ligne existe depuis longtemps, mais elle n’avait pas encore conquis tous les établissements de formation.

Avec la pandémie de COVID-19, même les membres du corps enseignant les plus réfractaires aux évaluations à distance ont été contraint-e-s de les adopter, parfois dans l’urgence.

Pourtant, les épreuves en ligne n’ont (presque) que des avantages ! Chères et chers enseignant-e-s, voici nos conseils pour appréhender sereinement les examens en ligne !

Ces conseils ont été élaborés par les experts en e-learning d’UniDistance Suisse, ainsi qu'Emmanuel Sylvestre et Jean-François Van de Poël de l’Université de Lausanne


Posez-vous les bonnes questions

Avant de mettre en place un examen en ligne, commencez par vous poser les bonnes questions : Suis-je prêt-e à changer ? Qu’est-ce que je veux ? Quand ? En ai-je le temps ?

Par exemple, l'élaboration d'un QCM prend beaucoup d'heures, alors que les corrections s'affichent automatiquement.
Qu’est-ce que je veux évaluer ? Quel niveau de sécurité vais-je mettre en place ?

En revanche, les épreuves demandant plus de réflexion ne nécessitent pas de grandes mesures de surveillance.
Quel degré de préparation vais-je exiger des étudiant-e-s ? Faut-il prévoir un examen blanc ?

Proposez un examen blanc

L’examen blanc présente de nombreux avantages. Il permet aux étudiant-e-s de mieux comprendre ce qui est attendu d’eux/elles et de se familiariser avec l’environnement en ligne de l’évaluation, ce qui leur enlève beaucoup de stress.

L’examen blanc renforce aussi leur apprentissage en encourageant les pratiques de récupération, espacement et entrelacement (en anglais, retrieval practice, spacing et interleaving).

Pour vous, cela peut aussi être une manière de tester la technologie choisie avant l’évaluation finale en ligne.

Choisissez bien votre méthode d’évaluation à distance

Les catégories principales sont :

- la production de documents
- le quiz
- les épreuves orales.

Cependant, à l’intérieur de cette classification, il y a un nombre illimité de possibilités.

Un examen à distance peut par exemple consister à enregistrer des vidéos, créer un site internet, compléter des fiches Wikipédia, etc.

L’évaluation en ligne peut aussi être collective ou individuelle : Pour les grandes classes, l’examen collectif réduit le nombre de copies à corriger.

Au-delà de cet avantage pour vous, il est capital que les étudiant-e-s acquièrent un savoir-faire en équipe. Discuter et confronter les points de vue permet d’approfondir sa compréhension.

Épreuve synchrone ou asynchrone ?

On distingue aussi les évaluations en ligne synchrones et asynchrones :

Lors d’un examen synchrone, tou-te-s les participant-e-s sont réuni-e-s en ligne avec vous.

Pour un examen asynchrone, la temporalité diffère, on fixe un délai spécifique.

Dans le cas d’UniDistance Suisse, certains professeur-e-s privilégient les épreuves asynchrones, plus flexibles pour les étudiant-e-s qui se forment en parallèle à leur travail et à leur vie de famille.

Ce type d’examen prend par contre du temps, alors qu’un test synchrone dure par exemple une heure et après c’est fini !

Pour vous, le changement réside dans le fait que vous devez vous rendre disponible à un instant T et que vous prenez également un risque technologique en cas de problème à ce moment précis. 



4 conseils efficaces pour préparer et évaluer des examens en ligne

1. Comment préparer un examen en ligne

Comme pour tous types d’examens, il faut penser aux objectifs d’apprentissage, et cela au tout début du semestre. Toutes les activités prévues vont permettre aux étudiant-e-s à atteindre ces buts.

Vous pouvez, par exemple, leur demander de mener un projet de recherche sur tout le semestre ; dans ce cas, l’examen va se construire au fur et à mesure.

2. Comment évaluer un examen en ligne

Ça dépend de la méthode d’examen :

Un QCM sera corrigé automatiquement grâce aux plateformes d’enseignement en ligne.

Dans le cas d’une évaluation formative, il vous faudra donner un feed-back relié aux contenus du cours.

Le feed-back est capital, quel que soit le format.

Les outils numériques offrent de multiples possibilités : les PDF annotés, des commentaires sur Word, ou même un enregistrement oral. Les étudiant-e-s apprécient énormément cette dernière option, beaucoup moins dure que des corrections écrites.

3. Comment gagner du temps grâce aux examens en ligne

Gérer une évaluation en ligne ne demande pas plus de temps qu’en présentiel, à part pour ce qui est de l’intégration sur le web.

Là encore, cela dépend du type d’examens :

Un QCM représente un énorme travail et vous devrez faut impérativement le tester en amont. Souvent, on le prépare une première fois et on ajoute des éléments chaque année pour développer un large pool de questions. Par contre, une fois le QCM fait, on peut le réutiliser et les corrections sont automatiques.

Les examens oraux se révèlent relativement rapides à mettre en place et à noter, mais le temps de passage peut être important, surtout avec de grandes classes.

Quant aux dissertations, elles impliquent de plus longues relectures.

Pensez à la méthode de correction par les pairs (peer review), une pratique très utile pour l’apprentissage, en particulier pour les évaluations formatives. Elle aide les étudiant-e-s à voir ce qui est attendu d’eux/elles, ce qui marche ou non.

4. Ce qu’il faut garder en tête concernant les examens en ligne

Le plus important : posez-vous très tôt ces questions :

• Qu’est-ce que les étudiants doivent savoir à la fin du module ?
• Comment vais-je déterminer s’ils ont atteint cet objectif ?

Au niveau universitaire, on demande d'utiliser les connaissances acquises, analyser, évaluer et créer.

L’idéal est d’offrir des examens riches, qui participent à l’apprentissage, qui font sens et qui développent les compétences dont les étudiant-e-s auront besoin dans leur vie privée, professionnelle et de citoyen-ne.

Chaque évaluation tend vers cette vision globale.

 

Interview d’Henrietta Carbonel, experte en e-learning, co-auteure du guide sur les examens en ligne

Collaboratrice scientifique chez UniDistance Suisse dans le domaine de l’ingénierie pédagogique, recherche et développement, Henrietta Carbonel nous a accordé un entretien passionnant au sujet des examens en ligne et plus particulièrement des risques de tricherie et du proctoring.

Elle a co-rédigé un guide sur l’évaluation à distance des étudiant-e-s, en collaboration avec Jean-Michel Jullien, responsable d’EDUDL+ à UniDistance Suisse ainsi qu'Emmanuel Sylvestre et Jean-François Van de Poël, de l’Université de Lausanne. Ce guide est une véritable mine d’informations pour les enseignant-e-s confronté-e-s à la mise en place d’examens en ligne.

 

Votre intérêt pour les examens en ligne s’est-il développé depuis les débuts de la pandémie ou avant cela ?

Je pratique l’e-learning et les examens à distance depuis longtemps, d’abord en tant qu’enseignante, puis dans mon travail à UniDistance Suisse.

Même les enseignant-e-s des écoles plus traditionnelles sans e-learning utilisaient déjà les évaluations à distance : Par exemple, répondre à un QCM sur ordinateur permet de recevoir un feed-back immédiat.

Le rendu de travaux se révèle également plus facile en ligne, car on invite les étudiant-e-s à déposer au même endroit différents fichiers, y compris des vidéos, podcasts, etc.

Vous avez élaboré un vade-mecum pour l’évaluation à distance des étudiant-e-s. Quelles informations contient-il ?

Le vade-mecum se veut vraiment un guide pratique pour les enseignant-e-s qui ont dû passer en urgence aux examens en ligne pendant le premier confinement.

D’abord, il explique en détail quatre types d’épreuves, avec leurs avantages et inconvénients, ainsi que des exemples.

Ensuite, s’y ajoute une check-list des étapes avant, pendant et après l’examen.

Enfin, la dernière partie est consacrée au point de vue de l’étudiant-e, pour que les enseignant-e-s puissent comprendre leurs perceptions.

Quand on pense aux examens à distance, les risques de tricherie viennent immédiatement à l'esprit. Sont-ils vraiment plus élevés ?

Les conclusions des études sur ce point ne sont pas claires.

Certaines démontrent que les risques de tricherie augmentent avec les évaluations en ligne, d’autres prouvent le contraire ou encore disent que ça ne change rien.

Cela dépend du contexte, du type d’examen, d’à quel point les questions d’un QCM sont « googlables ».

Définissons d'abord la tricherie ! Par exemple, dans la recherche, demander une relecture à un-e collègue est considéré comme une bonne pratique, pas comme de la fraude !

Cela vaut le coup de s'interroger : qu’est-ce qui est important pour moi en tant que prof ?

Que l’étudiant-e connaisse la formule statistique par cœur ou qu’il sache choisir la formule adéquate, l’utiliser avec un logiciel et analyser les résultats ?

Est-ce qu’il faut développer les compétences de communication et de collaboration chez mes étudiant-e-s ? Les réponses seront différentes pour chaque module, selon ses objectifs d’apprentissage.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le « proctoring » ?

« Proctoring » veut simplement dire surveiller les étudiant-e-s pendant un examen.

Avec la pandémie et les examens en ligne, le proctoring en ligne, en particulier par des entreprises privées externes, s’est développé.

Cette pratique pose des questions éthiques. Elle suppose qu’on n'accorde pas sa confiance. Or, celle-ci est fondamentale pour que les étudiant-e-s osent sortir de leur zone de confort ou soient ouvert-e-s au feed-back, par exemple.

La surveillance devient normalisée. Ne devrait-on pas apprendre à rester critiques envers la société de surveillance ? L’honnêteté intellectuelle est capitale dans la recherche (et la société dans son ensemble), on ne veut pas former des chercheur-euse-s qui manipulent leurs résultats ou plagient le travail des autres.

C’est un débat avant tout pédagogique et non technologique.

Quelles sont les techniques pour éviter la tricherie ?

Plus que des techniques, je pense qu’il faut apprendre aux étudiant-e-s à ne pas tricher et surtout leur inculquer l’intégrité comme une valeur primordiale. On peut aussi préparer des examens « non googlables ».

Y a-t-il quand même des avantages au proctoring ?

Les services privés de proctoring comportent beaucoup de désavantages, mais les systèmes plus légers restent moins intrusifs. Les enseignant-e-s peuvent utiliser une simple caméra Zoom, qui leur permet, au-delà de la surveillance, d’être là pour leurs étudiant-e-s et de répondre aux questions pendant l’examen.

Certain-e-s enseignant-e-s et étudiant-e-s se résignent à ce que la tricherie fasse partie des examens en ligne. Qu’en pensez-vous ?

La lutte est de plus en plus compliquée, en ligne ou pas, à cause par exemple de certaines montres connectées.

Sur le réseau social TikTok, j’ai trouvé dix manières de contourner le proctoring !

La tricherie n’est pas acceptable, elle met en péril la future carrière des étudiant-e-s.

On ne peut pas et on ne doit pas s’y résigner.

On peut inculquer l’importance de l’intégrité ; c’est le cas, entre autres, dans les séminaires avec des cours sur le plagiat.

Il faut aussi créer des examens qui ont un sens pour les étudiant-e-s, où on leur donne le choix, pour qu’ils veuillent s’y impliquer pleinement.

Lorsqu’un examen en ligne demande plus de réflexion de la part des étudiant-e-s, cela représente certainement un avantage dans les techniques d’apprentissage ?

Oui, mais il en est de même pour les examens en présentiel.

Par contre, les examens en ligne nous obligent à repenser nos pratiques d’enseignement. On prend conscience des limites de certaines méthodes.

La mémorisation ne suffit plus, au niveau universitaire.

Y a-t-il également des désavantages aux examens en ligne ?

Ils représentent parfois un stress pour les étudiant-e-s et les enseignant-e-s à cause des risques techniques.

Il est possible que le paramétrage en amont se révèle compliqué.

UniDistance Suisse offre beaucoup de soutien : nous avons organisé des webinaires pour nos professeur-e-s l’an dernier. De plus, nous offrons un module entièrement consacré aux examens en ligne pour nos enseignant-e-s. Par ailleurs, notre service pédagogique EDUDL+ accompagne chaque étape. Enfin, durant les journées d’examen, nos ingénieur-e-s et notre service aux étudiant-e-s sont prêts à intervenir via notre hotline. De plus, la plupart des équipes enseignantes proposent des examens blancs.

Sous ses airs anodins, l’examen en ligne pourrait-il révolutionner l'enseignement ?

Oui, cela amène beaucoup de changements dont on continuera à profiter à l’avenir, même au-delà de cette période pandémique.

Les étudiant-e-s peuvent visionner des vidéos, qui expliquent par exemple un processus. La vidéo est parfois bien plus parlante qu’un long texte.